Bertrand Tavernier (1941-2021)

9

Film en costumes d'époque qui n'évite pas les défauts de la catégorie. Les extérieurs sont trop chargés pour cacher les éléments contemporains et les figurants sont trop nombreux, médiocrement dirigés.

Ce n'est ni suffisamment artistique (trop académique et conventionnel), ni divertissant (ennuyeux), ni instructif (plein d'anachronismes et d'interprétations erronées.)

Il s'agit surtout du point de vue dominant de l'époque du film qui projette ses valeurs franchouillardes (libération sexuelle, "progressisme" laïc et républicain, bouffe… le politicaly-correct d'alors) sur le début de 18ème siècle.

Une brochette d'acteurs cabotinent gentiment, notamment Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle. Rôle important pour la regrettée Christine Pascal. Elle jouera deux ans plus tard dans un autre Tavernier de loin supérieur : "Des enfants gâtés".

Le scénario est un peu confus (impression de scènes passées à la trappe), s'attaque à trop de thématiques qu'il ne fouille pas assez. Trop de personnages et de détails inutiles alourdissent et finissent par assommer le spectateur.

Ce n'est pas le meilleur film de Tavernier (dont c'est le deuxième long métrage) qui n'est, de toute façon, qu'un sympathique réalisateur de deuxième division.

Vu en avril 2018 dans la salle Plateau une copie bien conservée.

7

Vu vers 2013 dans la salle Plateau.

9

Film français d'anticipation tourné en Écosse (j'ai d'abord cru être dans une ville du Nord-Est des USA, puis dans la banlieue de Londres, avant d'apprendre dans le générique final que c'était Glasgow, puis la campagne écossaise, les deux très joliment filmés en Panavision, la ville étant particulièrement sinistre.)

C'est prometteur car il y a Romy Schneider dans un de ses derniers rôles, anticipant son futur proche, Harvey Keitel à l'époque où il ne cabotinait pas encore et Max von Sidow doublé en français par Jean Topart, le narrateur du feuilleton d'animation "Rémy, sans famille". Il y a aussi Harry Dean Stanton également doublé.

Le problème est que le scénario semble invraisemblable, même dans le contexte du film : la première télé-réalité à ses débuts va trop loin, il n'y a pas de progression dans les transgressions éthiques. Les téléspectateurs acceptent directement le pire, sans la moindre voix contraire ou contestation critique. De surcroît un telle énorme production audiovisuelle d'envergure internationale est réalisée par une chaîne de télévision située dans quelques locaux ordinaires, employant visiblement une quinzaine de personnes, sans véritable surveillance d'une quelconque direction. On dirait une chaîne locale wallonne.

Il y a aussi une totalement ridicule « zone » pour pauvres, kitsch, de type téléfilm pour enfants. Avec boutiques alternatives et figurants beaucoup trop bien rangés. On dirait une brocante branchée vintage, dans le port d'Ostende, ou en Outremeuse.

La narration autour des hommes de Romy Schneider est superficielle, inaboutie. On ne comprend pas notamment sa relation avec von Sidow. Ni celle de Harvey Keitel avec son épouse. Ces histoires d'amour semblent issues de l'imagination et ne sont pas crédibles, pour la même raison (dans la réalité, soit il y a rupture et le lien est définitivement rompu, soit il n'y a pas vraiment de rupture et le lien ne s'interrompt pas. Les exceptions à ces règlent restent très exceptionnelles.)

La fin ne m'a pas paru satisfaisante. Néanmoins quelques rares bonnes idées, comme les manifestants professionnels.

La version originale est peut-être plutôt en anglais. Mais attention, il y aurait une version raccourcie remontée, diffusée en Amérique du Nord.

D'autres films se rapprochent de celui-ci comme le plus réussi "Rollerball". A aussi des correspondance avec le très petit budget gore surréaliste "Last House on Dead End Street" . Il y a aussi "Le monde sur le fil" de Fassbinder ou "Fahrenheit 451" de François Truffaut. J'ajoute "Alphaville" de Jean-Luc Godard. Après seront réalisés "Le prix du danger" d'Yves Boisset, dont "Running Man" avec Arnold Schwarzenegger sera le remake américain. Je n'oublie pas "1984" dans la liste.

Vu la version française dans la salle Ledoux en mars 2019.

8

Une des plus réjouissantes œuvres de Bertrand Tavernier, sans doute son meilleur film. Cela ressemble à du Mocky réussi.

Il s'agit d'un film d'acteurs, surtout Philippe Noiret et Jean-Pierre Marielle, mais aussi Isabelle Huppert encore jeune, Stéphane Audran, un grotesque Eddy Mitchell (dans son premier rôle), Guy Marchand et Gérard Hernandez.

C'est aussi un film de solide scénario (de Jean Aurenche), une adaptation d'un roman noir (de Jim Thompson qui a été scénariste pour Stanley Kubrick) au ton de sombre comédie. Les dialogues sont particulièrement travaillés, ambigus.

C'est joliment filmé dans la campagne sénégalaise, par Pierre-William Glenn.

Le principal défaut est que l'attirance du personnage de Huppert pour celui de Noiret dès avant le début n'est pas expliquée et, en conséquence, paraît artificielle.

Vu à la télévision au milieu des années '80 (et n'avais évidemment pas tout compris), revu une copie d'époque très très bien conservée, en mars 2022, dans la salle Plateau.

(Attention : j'ai régulièrement confondu "Coup de torchon" avec notamment "L'Africain" de Philippe de Broca en 1983, "Le sauvage" de Jean-Paul Rappeneau en 1975 - que j'ai noté "7" - ou encore "Le léopard" produit par l'épouse de Broca en 1984.)

petit 9

Du sous-Bergman ("Les fraises sauvages" en 1957, "Cris et chuchotements" en 1972, "Fanny et Alexandre" en 1982, ...) à la sauce Truffaut (avec la voix off du cinéaste), dans une iconographie post-impressioniste. Des œuvres de Renoir sont notamment recréées. L'ambiance rappelle Maupassant, via "Une partie de campagne" adapté par le fils de Renoir en 1936.

Même si la mise en scène est fluide, la reconstitution d'époque (1912) sent la naphtaline. Les silhouettes ressemblent plus à des figurants, heureux devant la caméra, qu'à des travailleurs ordinaires las ou soucieux de leurs tracas quotidiens. L'acteur principal vient du théâtre et cela se remarque. Son personnages n'est pas particulièrement sympathique : il n'aime pas sa belle-fille pourtant pleine de qualités, c'est un égoïste. De surcroît, je ne crois pas un instant que les croûtes de ce vieux con se soient vendues au point de lui permettre de payer son immense propriété et sa domestique. C'est l'ensemble qui bénéficie du miracle économique : la commerçante de tissus gagne suffisamment pour vivre seule à Paris et même s'offrir une belle automobile, un luxe à l'époque. Quant à la famille parisienne de trois enfants, elle vit très correctement, avec un seul salaire. Douce France !

C'est du Bergman plus accessible, moins aride, plus "jolie carte postale du passé", très bourgeois conformiste (le personnage de vieille fille soi-disant anticonformiste joué par Azéma correspond tout-à-fait aux normes de 1984, avec son amant caché et son intérêt pour l'astrologie et les lignes de la main.)

Néanmoins, l'ouvrage doux-amer reste plaisant, quoique légèrement déprimant. Mais je ne me suis pas endormi. Ce n'est pas trop long.

Découvert plusieurs fois à la télévision vers 1987 et revu une copie d'époque en bon état (quelques griffes, mais couleurs très bien conservées) dans la salle Ledoux en avril 2023.

À noter que je constate sur des captures d'écran trouvées sur le Net que la numérisation a ajouté une forte dominante jaune sépia. Elle gâche la photographie délicatement lumineuse, probablement le meilleur élément du film, alors qu'elle n'existait pas (pas du tout !) dans l'étalonnage d'origine !

gros 7

7

8

Hommage, tourné en Louisiane, aux séries B américaines.

Découvert à l'Écran Total de l'Arenberg vers 2010.

petit 9